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Une étudiante de l'UdeS expulsée du Canada

Une étudiante de l'UdeS expulsée du Canada

Une étudiante de l'UdeS expulsée du Canada

Une preuve que le système d'immigration canadien devient de plus en plus rigoureux.

(SHERBROOKE) Une étudiante française au doctorat en pharmacologie à l'Université de Sherbrooke a été expulsée du Canada samedi matin. Malgré qu'elle ait rempli tous les formulaires nécessaires pour être en droit de continuer son parcours académique au Québec, l'étudiante étrangère n'a eu d'autres choix que de plier bagage et de rentrer dans son pays, à seulement 48 heures d'avis.

«J'ai envoyé ma demande de renouvellement de visa étudiant le 30 janvier. Normalement, c'est censé prendre deux semaines avant de recevoir son nouveau visa. Comme j'avais des vacances, j'ai décidé d'aller voir mes parents en Martinique. Quand je suis revenue [jeudi], on m'a informé à l'aéroport que je n'avais tout simplement plus de visa et que je devais quitter le pays dans le premier vol disponible samedi [aujourd'hui], sinon il y aurait un mandat d'arrêt contre moi. Mais il était inscrit nulle part que je ne devais pas quitter le Canada pendant les démarches», explique la jeune femme qui préfère ne pas être identifiée par crainte de nuire à ses chances de ravoir un visa.

L'étudiante a immédiatement entrepris des démarches avec des agents d'Immigration Canada pour comprendre pour quelle raison on ne lui avait pas délivré son visa. Malgré plusieurs appels, personne n'a été en mesure de lui expliquer pourquoi les démarches étaient si longues. «Il y a un étudiant libanais dans ma faculté qui a fait les mêmes démarches que moi et qui a reçu son nouveau permis en seulement huit jours. Je ne comprends pas pourquoi on ne m'a pas accordé le mien», souligne celle qui vit au Québec depuis maintenant trois ans.

Pour éviter d'être expulsée, la jeune femme a alors demandé un visa de touriste. Les agents d'Immigration Canada ont également refusé. «Je ne comprends pas pourquoi ils refusent. Avec ma nationalité française je devrais pouvoir résider au Canada un certain laps de temps, sans avoir de permis, et ça me permettrait de recevoir mon visa», explique-t-elle.

En plus de devoir retourner en France, l'étudiante en pharmacologie a appris qu'une fois à l'extérieur du Canada, sa demande de renouvellement dûment remplie en janvier devenait caduque. Elle devra donc recommencer les démarches, ce qui allongera les procédures de plusieurs mois puisque sa demande sera maintenant faite par une personne résidant hors du Canada.

«Ce qui est frustrant, c'est qu'aucun agent n'a pu me dire ce qui s'est passé avec ma demande. Ils me répondent tous que c'est la procédure normale et qu'ils ne peuvent rien faire. J'ai l'impression d'avoir été négligente alors que j'ai fait tout ce que je devais faire. J'ai le sentiment d'être jetable alors que je suis active au Canada», dénonce-t-elle.

«C'est inacceptable»

Le professeur responsable du doctorat de l'étudiante, Emanuel Escher, est outré de la situation. «C'est clair qu'il y a quelqu'un au ministère qui n'a pas fait son travail», affirme-t-il d'emblée.

Afin d'aider son élève, le professeur a lui aussi contacté Immigration Canada. Il a également fait appel au député fédéral Pierre-Luc Dusseault. «Il nous a dit que les délais étaient trop serrés pour qu'il puisse vraiment nous aider. C'est tellement fâchant que personne ne soit capable de nous expliquer pourquoi on ne lui a jamais délivré son visa. C'est injuste qu'ils mettent des bâtons dans les roues d'une étudiante», souffle M. Escher.

Outre les considérations administratives, cette expulsion entraîne également des pertes financières pour les recherches de l'aspirante doctorante. «Nous avons déjà commandé des produits afin de réaliser des tests. Maintenant ces produits vont vieillir sans être utilisés. Et que dire du parcours scolaire de cette élève! Elle vient de se rajouter plusieurs mois alors que c'est son avenir qui est là-dedans», dénonce le professeur dans la Faculté de médecine.

La question du salaire de l'étudiante est également problématique. Comme elle n'est plus admise en sol canadien, le professeur ne peut plus lui verser son salaire. «C'est embêtant puisque j'ai un appartement à payer à Sherbrooke. En attendant je vais rentrer en France et faire de la rédaction pour ma thèse, mais sans salaire je ne sais pas ce que je vais faire», admet la jeune femme.

source de l'article: lapresse.ca/la-tribune/sherbrooke de Chloé Cotnoir