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Province du Québec : Nos jeunes commencent à travailler de plus en plus tôt
Les jeunes Québécois travaillent comme jamais auparavant durant leurs études secondaires et la pénurie de main-d’œuvre ne fait qu’accentuer la pression sur leur réussite scolaire, déjà fragile. Un constat accablant qui inquiète plusieurs experts ainsi que le milieu scolaire.
« Dans notre rapport, on est capable d’établir qu’il y a 50% des jeunes du secondaire qui ont un emploi rémunéré pendant leurs études et que cette proportion-là a augmenté de 10% au cours des six dernières années», lance le chercheur du Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES), Michaël Gaudreault.
Ces adolescents travaillent d’ailleurs de plus en plus jeunes. L’étude d’ÉCOBES démontre que 45,6% des élèves de secondaire 1 ont un emploi.
LeJournal a rencontré ces jeunes, certains ayant vécu une expérience positive, d’autres moins.
- Une adolescente qui est entrée sur le marché du travail en secondaire 2 estime que son emploi favorise son épanouissement.
- Un jeune homme doit retarder son entrée au cégep puisqu’il a pris du retard en raison d’un employeur trop demandant.
- Une jeune employée d’un McDonald’s réussit à jongler avec l’école, le travail et le sport d’élite.
- Un ado de Québec a choisi de diminuer son nombre d’heures au travail parce que les effets négatifs sur ses résultats étaient évidents.
Une seconde étude, publiée en août dernier, réalisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et Réseau réussite Montréal, en partenariat avec le Regroupement des cégeps de Montréal, appuie ces témoignages.
On y apprend que le Québec est la province canadienne où l’on retrouve le plus d’élèves (secondaire) et d’étudiants (cégep et université) qui occupent un emploi.
Inquiétude
Depuis 2015, c’est aussi le Québec qui a affiché le plus grand nombre de postes vacants avec une croissance de 123%. Plusieurs entreprises affirment d’ailleurs ouvertement compter sur la présence d’étudiants du secondaire pour assurer leur survie.
Ces chiffres sont préoccupants pour les gens du milieu de l’éducation qui craignent que cette croissance pousse de plus en plus les jeunes à décrocher du milieu scolaire pour obtenir un emploi.
«Les inquiétudes sont fondées. Si on ne fait rien maintenant, plusieurs jeunes vont prendre cette décision [de quitter l’école avant l’obtention de leur diplôme]», mentionne la directrice générale de Réseau réussite Montréal, Andrée Mayer-Périard.
Même son de cloche du côté de la Fédération des cégeps du Québec.
«Oui, ça nous inquiète. Nos statistiques montrent que la moitié de nos étudiants travaillent de façon régulière pendant l’année. Et c’est sûr que dans un contexte de pénurie, il y a une impression de panique de la part des entreprises et ils peuvent mettre de la pression sur les étudiants pour obtenir un plus grand nombre d’heures de travail», indique le président-directeur général Bernard Tremblay.
Des directeurs d’écoles secondaires sonnent aussi l’alarme, demandant au gouvernement de se pencher rapidement sur la situation.
Plus criant en région
Bien que l’emploi au secondaire occupe une place importante partout au Québec, c’est en région que les élèves travaillent le plus (voir ci-dessous).
La région de Chaudière-Appalaches domine avec le plus haut taux de jeunes à l’emploi avec 70,9%. À l’inverse, à Montréal et à Laval, le taux diminue davantage avec 36,5% et 35,8%.
Rien d’étonnant pour Mme Mayer-Périard. « On a déjà démontré qu’un tiers des élèves qui travaillaient à Montréal, c’était pour participer au revenu familial. Je ne serais pas étonnée que ça n’ait pas changé. Il ne faut pas dire aux jeunes qu’ils ne peuvent pas travailler. Il y en a qui sont obligés d’y aller pour être sur les bancs d’école. Mais il faut se demander comment on accompagne ces jeunes-là », insiste-t-elle.
Pour le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Philippe Clément, si 42% des étudiants des cégeps travaillent plus de 15 heures par semaine, c’est justement pour pouvoir terminer leurs études.
Sans oublier que les étudiants des régions doivent payer leur loyer, leur nourriture et leur voiture pour étudier dans la ville où se donne leur formation.
« Les étudiants ont de moins en moins d’argent dans leurs poches. Ce sont des choses que l’on voit. L’aide financière aux études ne suffit pas », explique M. Clément.
Source : Extrait d’article tiré de TVA Nouvelles / le titre modifié par Accès Canada